Biographie

Ouaddou, parrain de l'initiative

Abdeslam Ouaddou, Parrain de l’initiative "non au racisme"

Né le 1er novembre 1978 à Ksar Azekour, au Maroc, Ouaddou rejoint la France à l’âge de 3 ans. A 10 ans, il rejoint son premier club français, Jarville-la-Malgrange. Il y restera sept ans avant de rejoindre Nancy où il signe son premier contrat en 1998. Il doit attendre une saison avant de disputer son premier match professionnel. C’est chose faite le 20 novembre 1999 face à Nantes.

A partir de cette date-là, ce grand défenseur (1m90) s’impose comme un titulaire en Lorraine. Il quitte le club, qui connaît des problèmes financiers, en 2001. Direction l’Angleterre et Fulham. Après deux saisons, il retourne en France du côté de Rennes où tout se passe bien pendant trois ans jusqu'à une blessure.

Il fait alors le pari de rejoindre la Grèce et l’Olympiakos le Pirée avec qui il découvre la Ligue des Champions. Mais Ouaddou revient une nouvelle fois en France, six mois après l’avoir quittée, en janvier 2007. Commence la belle histoire avec Valenciennes dont il devient le capitaine et dont il est élu meilleur joueur 2007 par les supporters. Il rejoint finalement son premier amour nancéen au cours de l’été 2008, prêt à relever un nouveau défi.

Le 16 février 2008, il devient malgré lui un symbole de la lutte contre le racisme. L'International marocain, victime d'insultes à Metz, décide d’aller s’expliquer avec le fauteur de trouble à la mi-temps et grimpe dans la tribune. Pour ce geste, il recevra un carton jaune.

Ouaddou, parrain de l'initiative

Le défenseur international marocain de l’AS Nancy, Abdeslam Ouaddou, a accepté de parrainer le site « NON AU RACISME ». Visé personnellement lors d’un match du championnat de France et face à la répétition des manifestations racistes, il délivre un message de tolérance et de fraternité pour lutter contre ce fléau.

Maxifoot : Abdeslam, pourquoi avoir accepté de parrainer cette opération contre le racisme ?

Abdeslam Ouaddou : J’ai moi-même été victime d’injures à caractère racial dans le championnat de France, donc j’ai été sensible à votre sollicitation. Votre initiative, de créer ce site, peut sensibiliser énormément de gens et pas seulement dans le sport.

Tout le monde se souvient de l’épisode de Metz la saison dernière où tu avais été injurié par un supporter. Etait-ce un cas isolé ou as-tu souvent été victime ou témoin dans ta carrière d’insultes racistes de la part du public ?

J’ai été témoin plusieurs fois et même victime. En vingt-trois ans, puisque j’ai commencé le foot à six ans, on m’a dit plusieurs fois de ne pas faire attention, de faire semblant, de ne pas entendre, de laisser parler les gens… L’entourage, les entraîneurs, ceux qui sont autour disent ça. Ils disent : ça ne doit pas t’atteindre, laisse faire, ils ne sont pas intelligents… Beaucoup de phrases comme ça. Tu dois accepter parce que ça fait partie de la vie. Avec le recul, quand je fais une analyse en tant que père de famille, je me dis que ce n’est pas normal.

« Le football est un modèle ethnoculturel pour notre société, préservons le de ce fléau qu’est le racisme »

As-tu été témoin de discriminations dans le football professionnel, de la part de dirigeants ou de joueurs ?

Non, pas trop, pas directement en tout cas. C’est plutôt de la part des gens qui viennent voir les matchs. Mais c’est vrai qu’il y a des gestes qui m’ont choqué. Celui que fait Milan Baros (en avril 2007), quand il se bouche le nez devant Stéphane M’Bia, c’est à éviter. C’était un dimanche soir, retransmis sur Canal+, devant des millions de téléspectateurs. On peut dire tout ce qu’on veut mais les gens ne sont pas dupes. Je crois qu’il a été suspendu, mais pas beaucoup (trois matchs de suspension, ndlr).

Comment expliques-tu le nombre d’actes racistes dans le football ? Est-ce que les stades sont le reflet de la société, comme on l’entend souvent ?

Ce qui est important de rappeler, c’est qu’il s’agit d’une minorité. Il ne faut pas exagérer. C’est plus important en Espagne ou dans les pays de l’Est qu’en Italie ou en France par exemple. Si c’est le reflet de la société, je pense que c’est une minorité. C’est un manque d’éducation. Je suis vraiment d’accord avec Lilian Thuram quand il dit qu’il faut éduquer les gens. Il faut leur apprendre, leur enseigner la tolérance, éduquer à la tolérance. Le football est un modèle ethnoculturel pour notre société, donc préservons le de ce fléau qu’est le racisme.

A ton avis, quelles sont les actions à mener par les acteurs du monde du football pour combattre le racisme ?

Tout le monde doit s’impliquer : à l’école où l’on apprend beaucoup de choses, mais aussi les éducateurs, les dirigeants de clubs, les associations que les jeunes peuvent fréquenter et puis les parents. Il faut vraiment avoir un discours de tolérance. C’est en multipliant des manifestations contre le racisme qu’on y arrivera. Peut-être que ça marchera avec le temps, peut-être avec la génération de nos enfants.

La polémique enfle autour des sifflets survenus au Stade de France lors du match France – Tunisie. En novembre 2007, tu as joué toi aussi contre les Bleus avec le Maroc, qu’avais-tu ressenti quand La Marseillaise a été sifflée ?

J’avais condamné ça avant-même le match France – Maroc, j’avais passé plusieurs messages, notamment sur RMC, pour qu’on respecte l’hymne national. Mardi soir, contre la Tunisie, La Marseillaise a été sifflée moins longtemps mais elle a quand même été sifflée. Après le match, j’ai tout de suite condamné ça. J’avais eu le même sentiment qu’à Metz. Là aussi, c’est de l’éducation. Il faut faire comprendre qu’on ne vient pas dans un stade pour siffler un hymne, c’est irrespectueux envers l’équipe de France mais aussi la France elle-même, un pays qui prône des valeurs de fraternité. On en revient à la même chose, il faut éduquer car pour moi, on est dans l’ignorance.

Ouaddou

« Le public marocain, les deux fois que la France a joué là-bas, n’a jamais sifflé La Marseillaise »


Malheureusement, ce phénomène existe dans les deux sens, il faut avoir le courage de dire que siffler La Marseillaise, c’est aussi du racisme. Devant mon écran de télévision, j’étais scandalisé. Mais on a vu de belles images aussi, le maillot de la France accroché à celui de la Tunisie, des Tunisiens chanter La Marseillaise... Malheureusement, il reste une partie d’abrutis. D’ailleurs, la plupart des gens qui sont venus voir le match sont nés en France, beaucoup ont la double nationalité. Ca aurait été beau qu’il y ait une communion entre les supporters des deux équipes.

Si le match avait eu lieu en Tunisie, ou au Maroc, penses-tu que La Marseillaise aurait été sifflée ?

Jamais ! Justement, j’ai participé au tournoi Hassan II il y a quelques années, c’était un tournoi que l’équipe de France appréciait car ça se passait très bien, et La Marseillaise n’a jamais été sifflée. Le public marocain, les deux fois que la France a joué là-bas, n’a jamais sifflé La Marseillaise.